❝ leave me out with the waste this is not what i do. it's the wrong kind of place to be thinking of you. it's the wrong time for somebody new it's a small crime and I've got no excuse. ❞ Les gens trouvent que les premiers amours sont tendres. D'autant plus lorsque ce premier lien se brise. Il y a bien des millions de chansons pop et country à l'appui, racontant les histoires d'imbéciles qui ont eu le cœur brisé. Le fait est que ce premier cœur brisé est celui qui met le plus longtemps à guérir. Moi je l'ai rencontré au coin d'une rue, un jour des plus ordinaires. Il s'était mis à pleuvoir brusquement et il m'avait proposé de partager son parapluie. Si c'est pas tendre ça. Exactement comme dans les chansons pop. Pendant un an nous étions inséparable. J'avais confiance en lui. J'avais tort. Je décidais d'abandonner ma communauté, celle des roms pour partir avec lui, loin d'ici. Je n'étais pas des plus intéressée par cette communauté. Faire le clown ne m'enchantait que moyennement. Alors je m'étais retrouvée à faire des ballons en forme d'animaux pour des petits morveux pourri-gâtés, qui ne savent pas s'ils doivent d'abord engloutir leur barbe à papa qui colle ou lécher leur glace qui coule. Je décidais de partir, de m'enfuir, de prendre le large. Cocaïne, héroïne, haschich, shit, il me fit tout connaitre. Tout, la vie, le monde. C'est à ce moment que j'ai appris que j'étais enceinte. Il le remarqua, il remarqua cette mauvaise humeur qui m'envahissait plus rapidement que le Chinois envahissaient notre pays. « T'as un problème. » « Je n'ai pas dit que j'avais un problème. » « Tu te fous de moi ! Tu fais la gueule à longueur de journée et t'es désagréable. » « On peut oublier mes vices et revenir à mes vertus ?  » « ... Ta suffisance est séduisante. » « Merci. C'était ça ou un balayage. La suffisance dure plus longtemps. » Les jours, les semaines passèrent et il fallait que je le lui dise. Pas question que j'avorte. Cependant, je ne pouvais pas l'élever. Quand je lui annonçai la nouvelle, il décida de prendre sa valise et de partir le lendemain. Aujourd'hui, ce que je sais, c'est que l'amour véritable, l'amour pur et sincère n'existe pas. Brodez ça sur un canevas et accrochez-le dans votre cuisine. Je décidais d'accoucher sous x avant de repartir retrouver ma famille. Notamment mon frère. Nous sommes partis vivre dans un squat comme des rongeurs, achevé par la société. Reza, il a pas inventé la poudre à canon, mais je l'aime quand même. On était tous les deux de retour à Brighton après tout ce temps -enfin lui, m'avait suivie à mon insu-, je voulais savoir ce que devenait cet enfant que j'avais laissé. Je voulais juste le voir une fois, rien qu'une. J'étais contente que mon frère soit à mes côtés, même si c'est une vraie fouine, mais quand c'est moi qui pose les questions c'est silence radio. « Ma suprématie est assurée ! » « Celle de ta connerie ? » « Bah, c'est un bon début, non ? » « Sachant que c'est tout ce qui est suprême chez toi c'est un bon début et une bonne fin. » « T'es qu'une salope. Sans animosité aucune, évidemment. » « J'avais compris, connard. » Ma vie n'était pas des plus réjouissante et je possédais en tout et pour tout trois jeans, un frère pas très respectable, un vieux skateboard, des envies de suicide intermittentes et un cœur brisé.

❝ i want you to know, with everything i won't let this go. these words are my heart and soul. i'll hold on to this moment, you know, as i bleed my heart out to show, and i won't let go. ❞ Le temps passa, sans que je ne retrouve pour autant cet enfant. Mais au fond est ce que je le cherchais vraiment ? Ou avais-je juste besoin d'un but dans la vie ? La drogue était mon ennemi et le temps son allié. En cachette je m'inscrivais à des cours en médecine, les examens que je devais passer furent tellement long que je ne pensais jamais pouvoir être acceptée. Cependant, je l'étais. J'avais de nouveau une raison, une chance de m'en sortir de nouveau. Pas question que je gâche ça. Depuis quelques temps ma famille est arrivée à Brighton mais ils ne savent pas que je suis là. Cela doit rester tel quel. Je décidais de ne parler à personne de mon envie de faire des études et quelque temps plus tard je participais à mon premier cours. C'est là que je l'ai rencontré, Jester, un autre étudiant. Il était dans le cours de politique, quelque chose que je ne comprenais pas beaucoup. Un vrai geek, toujours collé à son écran et le nez dans les bouquins. Je le détestais. Je détestais qu'il soit tout, et moi rien. Chaque jour je ne pouvais m'empêcher de le détester un peu plus. Pourtant, d'une certaine façon, nous sommes devenus proche. « De toute façon à force de geeker je suis sûr que tu sais plus marcher. » « Et alors ? J'ai un siège avec des roulettes. » Il était intelligent, il avait de l'argent, une famille sans problème et aucune addiction à une substance illégale. Il n'était pas moi. Pourtant que je ne le voyais pas je m'inquiétais. « T'étais où ? » « Bah j'étais en train de partir pour l'université et quand j'y suis arrivé je me suis rendu compte que j'avais oublié mon sac chez moi. Alors, du coup je suis reparti chez moi et je me suis recouché. » Au fil du temps, je ne pouvais pas passer une seconde sans lui. Il m'aida à réviser, sacrifiant ses propres révisions. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de le détester, de détester la personne qu'il était. « Ne me déteste pas, s'il te plait. » Ses paroles me firent relever la tête. Il avait compris. Il était intelligent, pas comme moi. « Qu'est-ce que je pourrais faire pour que tu tombes amoureuse de moi ? » « Achète moi du nutella. » répondis-je en souriant. Un sourire que j'avais perdu dès années auparavant sous une pluie d'automne.